Les Voies d’Anubis : Tim Powers 1983
Les Voies d’Anubis Tim Powers sans dec’… elle n’est pas magnifique cette édition ?
Après avoir lu « Sur des Mers plus ignorées », j’avais envie de lire d’autres bouquins de Tim Powers. J’avais aimé le côté action, style, et maîtrise des mythes. Comme par falzars, à ce moment-là, Bragelonne faisait son opération markéting « Steampunk ». Forcément, je me suis laissé tenter. Les Voies d’Anubis évoquent Brendan Doyle, obscur universitaire plus ou moins alcoolique spécialiste (et encore, moins que d’autres) du célèbre auteur Coleridge. On lui demande sa présence, moyennant énorme rétribution, pour une conférence à ce sujet. Loin de s’imaginer qu’il va rencontrer Coleridge himself quelques 160 ans plus tôt, par le biais d’un système à voyager dans le temps, Doyle va se retrouver dans une aventure rocambolesque où c’est après son propre destin, que l’universitaire va se mettre à courir. Saupoudrons d’un peu du mythe du loup-garou, et de beaucoup de magie noire à l’Egyptienne pour brosser une esquisse plus complète. J’ai eu trop de mal à le liiiiiiire !!! Et pourquoi donc ? Plus que pour le précédent de lui que j’avais lu, j’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire ! Il y a de l’action très vite, mais le personnage de Brendan Doyle m’en a plus ou moins touché une sans me faire bouger l’autre (oui je sais, cette expression est d’une distinction à toute épreuve), et ce pendant une bonne grosse moitié du bouquin. Quant on ne s’intéresse pas à ce qui arrive au personnage principal, ça rend la lecture plus fastidieuse en fait… d’autant que tout l’aspect magie Eyptienne, pour être développée, ne prend son sens que dans le dernier quart du roman. Et quel sens !!! Mais pour moi impatiente invétérée, c’était looooooong !!! En revanche, j’admire à la fois le style, efficace quoi qu’on en dise, le rythme assez soutenu, et bien évidement, les références mythologiques ainsi que leurs interprétations restent assez magistrales ! Je n’en dis pas plus, car toute information serait spoilante. Evoquons l’aspect steampunk. Il parait que ce roman en est un précurseur. Bragelonne évoque même un aspect « fondateur », mais je préfère précurseur. En effet, il est question de XIXe siècle et de magie, mais finalement, vraiment très peu de technologie. Pas de vapeur, dans ce roman, bien que pas la thématique même, il y ait nécessairement un peu de futur. Pour moi, nous sommes bien dans un univers fantastique avant tout, éventuellement de la fantaisie urbaine, puisque tout se déroule à Londres, ou presque. Mais je comprends en quoi cela a pu inspirer les mélanges des genres qui ont abouti au Steampunk. Personnellement, j’ai été plus frappée par la thématique de la quête identitaire, et de la notion de destinée. Quand tout est écrit, à quoi bon continuer ? Peut-on modifier le destin tracé ? A quel endroit peut-on espérer être surpris ? Quel est le sens d’une vie toute tracée ? Autant de questions posées qui n’obtiennent pas nécessairement de réponse, mais dont on peut tirer des bouts de réflexions entre deux phrases, entre deux événements. Cette question de la destinée, on la retrouve dans Sur des Mers plus ignorées, accompagnée de celle de l’immortalité et de l’humain orgueilleux, qui par un excès d’hybris va tenter de renverser le cours naturel des choses. Ça lui réussit rarement. Je vous laisse voir ce que ça donne ici. Bref, j’ai bien apprécié ce roman, même si j’ai eu du mal à le lire. Sans doute n’étais-je pas dans les meilleurs conditions pour l’aborder, mais ça reste un bon moment de détente, avec des thématiques manifestement chères à Tim Powers que j’ai eu plaisir à retrouver. Sa maîtrise des mythes occultes de différentes civilisations n’est pas pour rien dans l’intérêt que je porte à cet auteur, aussi achèterai-je (ou emprunterai-je) sans doute Parmi les Tombes, son tout dernier, disponible à partir de (quelle coïncidence) aujourd’hui, chez tous les bons libraires !