De bons présages : Terry Pratchett et Neil Gaiman Publié le 30 avril 2012
Vous connaissez Pratchett ? Mais si vous le connaissez… Les Annales du Disque-Monde ! Rincevent… Deuxfleurs !!! L’un des meilleurs auteurs de fantasy de son époque (de la nôtre, donc, puisqu’il est toujours de ce monde). Bon effectivement si habituellement vous ne lisez rien de ce genre de littérature, il se peut que vous ne le connaissiez pas… de la même manière que je ne soupçonnais même pas l’existence de Gaiman avant de lire cet opus qui a réuni les deux auteurs britanniques (et pourtant, Gaiman a un sacré bagage derrière lui).
Et bien si votre culture littéraire souffre de cette lacune, dites-vous qu’ils gagnent tous les deux à être connus. Et pourquoi pas en commençant par ce roman à quatre mains ?
La storyline est simple : un enfant est voué à devenir l’antéchrist. C’est lui qui déterminera qui de Dieu ou du Diable remportera l’ultime combat. Pour que les chances soient égales, ON (je ne rappellerai pas ce célèbre aphorisme…) confie son éducation à une famille humaine, sous l’œil attentif d’un ange et d’un démon chargés d’éviter que la balance ne penche avant l’heure (d’ailleurs, ils ne sont pas si mal sur terre… si l’enfant pouvait éviter de choisir ça les arrangerait bien). Pas de bol, deux gamins sont échangés à la naissance, et le petit antéchrist (Adam… sisi…) est élevé loin de toutes ces contingences divino-diaboliques. Arrive pourtant le jour tant redouté de la Fin des Temps (rien que ça). C’est le grand rassemblement : Cavaliers de l’Apocalypse (pauvre Pestilence, la découverte de la pénicilline l’a contraint à une retraite anticipée… devinez qui prend la relève ?) et tout le tintouin. Que va-t-il donc advenir des Hommes ? Quel sera le rôle d’Adam ? Mais comment cela va-t-il donc se terminer ? ***musique qui fait peur***
C’est une histoire trépidante, pleine d’aventures et d’artefacts puissants, de bandes de copains que rien n’effraie (parce que quand on est un gamin, on n’a peur de rien) et d’un humour reconnaissable et particulièrement savoureux. On aura une pensée émue pour la Mort, que tous les inconditionnels du Disque Monde reconnaitront avec délice (grands yeux bleus, voix tonitruante… et puis sympa, il faut le dire).
Ce roman traite en particulier du thème du Libre Arbitre : quel camp Adam va-t-il choisir ? Comment s’assurer qu’il ne sera pas influencé ? En le mettant sous surveillance ou tout simplement en le laissant vivre une vie normale ? Et de façon plus implicite, doit-on se laisser influencer par ce qu’on nous assène de droite et de gauche, bien-pensants d’un côté et rebelles de l’autre, ou se faire un avis par soi-même, en son âme et conscience ? J’imagine que la volonté des auteurs n’était ni politique ni religieuse. J’aime à croire pourtant que l’hypothèse d’une portée symbolique teintée d’humour n’est pas à éliminer. Quoi qu’il en soit, c’est ce que cela m’a évoqué.
Je ne connais pas bien Gaiman, je ne peux donc pas émettre d’avis sur ce que j’ai lu pour le mettre en regard avec le reste de son œuvre. En revanche, je peux dire que le style Pratchett, bien reconnaissable est toujours aussi succulent. Apparemment, il aurait écrit deux tiers du roman, parce qu’il est, selon ses affirmations, «un salaud égoïste et [il] essayai[t] d’écrire en avance pour avoir les bons morceaux avant Neil »… (les yeux avertis auront reconnu que je tronque l’information : il s’agirait avant tout d’un accord entre eux, bien entendu)
Ai-je besoin d’ajouter quelque chose pour vous donner envie de le lire ? Par ma formation en histoire de l’art et en littérature, j’ai été amenée à me pencher sur la question de la Bible. J’ai été ravie de découvrir cette version originale et marrante de l’Apocalypse. Si c’est ce qui nous attend le 21 décembre, j’organise une soirée pop-corns.