Au Guet : Terry Pratchett

Publié le : 19 décembre 20186 mins de lecture

J’ai envie de lire du Pratchett, et autant vous dire que te dire que toi aussi, lecteur de mon blog, tu vas en faire les frais ! Je sors un peu de mes habitudes sorcières (mais pas trop longtemps, rassure toi)  en entamant la série du Guet de Ankh-Morpok, sur conseil expresse de environs tout mon entourage.

Or donc ! A Ankh-Morpok, la plus grande et bordélique ville du Disque Monde, il y a un type à l’ambition dévorante qui décide, avec ses petits copains pas très intelligents (il les a choisis pour ça), d’invoquer des Dragons. Et à Ankh-Morpok, il y a aussi Samuel Vimaire, le Capitaine du Guet. Le Guet, c’était la police municipale. Maintenant, c’est un ramassis de fond de caniveau avec trois personnes dedans, dont un pour lequel on se demande encore s’il est vivant… Mais le Capitaine Vimaire est un idéaliste (c’est pour ça qu’il est devenu alcoolique d’ailleurs). Et il ne laissera pas un Dragon foutre la m*** dans SA ville !!! Enfin, à Ankh-Morpok, il y a Carotte. C’est un humain élevé parmi les nains, qui vient découvrir un peu comment ça se passe par ici « pour devenir un homme ». Son honnêteté inconditionnelle et son zèle vont le confronter à une ville grouillante où les Guildes (Voleurs, Commerçants, Assassins…) font loi.

Voilà un peu le sac à merveilles que constitue ce huitième tome (dans l’ordre chronologique de parution) des Annales du Disque Monde. Et encore, je n’ai pas évoqué Sibyl Ramkin, qui adopte les dragons des marais abandonnés comme on adopterait des petits chats mignons (muhuhu).

Alors je n’ai pas été transportée par ce tome comme je l’ai été pour chacun de ceux qui correspondaient au cycle des sorcières. Ceci pour une raison simple : je crois que je rate les trois quart des références culturelles ! Avec les Sorcières, ce sont des livres que j’ai lus, des contes qui me suivent depuis l’enfance et des Archétypes qui peuplent très fortement mon conscient et mon inconscient qui sont exploités. Ici, les références me sont vachement moins familières ! En outre, le personnage du capitaine alcoolique au dernier degré ne me fait pas rêver du tout. Enfin, si évidement le style est égal à lui même (marrant et maitrisé) et que l’intrigue est ficelée, la fin est un tout petit peu brouillonne. Ou manque de panache, je ne saurais dire.

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Néanmoins !

Comme d’habitude, ce qui a été exploité l’a été avec une magnifique maîtrise. La thématique des dragons par exemple, avec leurs origines magiques et non magiques, et l’exploitation de la « dame aux chats » m’ont fait mourir de rire, Carotte est devenu un de mes personnages chouchou (déjà, il s’appelle Carotte… franchement… CAROTTE !!!) et le comique de situation et de dialogue fait mouche à tous les coups. Je suis très sensible à ce genre d’humour, qui change agréablement de la tendance au cynisme si typique de la France (et non, le cynisme et l’humour, ça n’a rien à voir. Mais je ne ferai pas de généralité) et qui a l’air de venir assez naturellement à Pratchett quand il écrit. Quand c’est forcé, ça se voit ! C’est pour ça d’ailleurs que de faire dans le burlesque n’est pas si simple. On a beau dire que tout s’apprend, il y a des styles qui relèvent bien plus du reflet d’une philosophie de vie que d’une technique éprouvée. En tous cas, c’est ce que m’évoquent les oeuvres de Pratchett à chaque fois, et à tous les coups on gagne !

Ajoutons à cela les éternelles vraies questions philosophiques et sociales que cela soulève. Ici : la part sombre de chaque être humain, le bien commun prévalant à la justice, la résignation (ou non), mais aussi la démagogie et la manipulation. J’y ai aussi vu une jolie réflexion sur la puissance du livre. Je n’avais jamais vraiment rencontré la Bibliothèque de l’Université de Magie, qui peut être véritablement considérée comme un personnage. Les livres sont vivants, mais la bibliothèque elle-même l’est… je ne peux pas tellement en dire plus, car la Bibliothèque de l’Université de l’Invisible c’est tout un concept, que je vous encourage fortement à découvrir !

Bref, les personnages hauts en couleur m’ont donné envie d’en lire plus sur le Guet, et les réflexions philosophico-sociales habituelles de Pratchett continuent de m’intéresser. Le Capitaine a beau me laisser un peu froide émotionnellement parlant, la dichotomie idéalisme/frustration en fait un personnage assez splendide et dont je comprends qu’il puisse toucher. Il m’a touchée idéologiquement parlant, d’ailleurs. Quant aux autres, ma foi, je n’en dirais qu’une seule chose : OK.

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