Nobliaux et Sorcières – Terry Pratchett

Terry Pratchett

Publié le : 19 décembre 20185 mins de lecture

Alors que j’apprends aujourd’hui que manifestement, Terry Pratchett a décidé de mettre fin à sa carrière d’écrivain (pour ceux qui ne savent pas, il est atteint de la maladie d’Alzheimer… j’ai bien fait de lui envoyer ma lettre je crois) (je n’ai pas de source pour vérifier officiellement cette info, n’hésitez pas à transmettre des liens en commentaire le cas échéant), je décide d’écrire la chronique pour le Xième livre que j’ai lu de lui, toujours dans la lignée des trois sorcières les plus puissantes du tout Lancre, j’ai nommé, Nobliaux et Sorcières.

Les Sorcières sont de retour de leur road trip en simili-Louisiane. Magrat va se marier (elle n’a été consultée sur rien et ça la gonfle un peu d’ailleurs) et devenir Reine. Sauf que des petites malignes pas vraiment sorcières mais vraiment gothiques et orgueilleuses comme pas permis ont eu l’excellente idée de réveiller les Nobliaux/Lords and Ladies/ »Bon Peuple », rayez la menton inutile et comprenez …. LES ELFES ! Et contrairement à leur réputation, ils sont loin d’être « gentils »…

Dans les faits, ce roman se veut une réécriture du Songe d’une Nuit d’Eté, du sempiternel et inénarrable Shakespeare. Et en effet, on retrouve toute la bande à Dudule (Titania, Obéron et tutti quanti, même s’ils portent un autre nom). On retrouve aussi des histoires d’amour et de mariage, des couples qui se font et se défont, et une pièce de théâtre foireuse le soir du solstice d’été. On a tout. Et surtout, on a les Elfes.

Extraordinaire, le traitement des elfes par Pratchett, en contrepied total de tout ce dont on a l’habitude, avec néanmoins tous les codes qui vont bien : ils sont magnifique, magnétiques, ils craignent le fer, et tout et tout. Mais le génie de Pratchett a été de les faire véritablement félins : définitivement désintéressés des contingences du bien et du mal, chassant la souris pour le plaisir de la chasse, et ne la tuant que par dépit car c’est bien plus marrant de la torturer. Les elfes sont des gros connards, soyons bien clairs là dessus. J’ai trouvé ce parti pris super intéressant, d’autant qu’il se couple, comme toujours avec Pratchett, à une réflexion sociale : la capacité des gens à ne retenir que ce qui les arrange. Mémé sait, que les Elfes sont de vils et cruels gros pénibles. Mais le reste du monde garde en tête le titre de « Bon Peuple », parce qu’ils sont beaux et fascinants, en oubliant leur règne de tyranie. Je trouve que ça fait une superbe réflexion sur la mémoire sélective en lien avec des régimes politiques passés, dont on ne se souvient plus vraiment autrement que par témoignages qui s’édulcorent au fil du temps et dont on finit par ne vois que les aspects les plus séduisant. Genre, la monarchie sous Louis XIV. Ou des trucs plus récents… je vous laisse chercher tous seuls !

J’ai également adoré le traitement du métier de forgeron, qui se rapproche asse subtilement de celui de sorcière mais pour les hommes pas mages. Les forgerons sont assez traditionnellement, dans les différentes mythologies surtout celtiques, des figures alchimistes. C’est parfaitement rendu ici. J’espère en apprendre davantage encore au travers des autres livres de Pratchett sur le traitement de ce métier (peut-être dans des livres sur les nains ?) . De toute manière, ce n’est pas dur, Pratchett exploite intégralement le matériel mythique celte de manière complètement inattendue et très intelligente : la forme change, devient humoristique, prend les habitudes et les stéréotypes à contrepieds, mais l’esprit de chaque mythème est profondément respecté et apporte véritablement de la matière supplémentaire pour les générations à venir. Bref, c’est tout simplement génial.

Doit-on encore parler du style Pratchett ? Les Sorcières, c’est sans doute la série de livres qui me fait le plus pouffer au monde. C’est rare les livres qui me font vraiment rire (sourire, souvent, m’extasier aussi mais rire c’est plus rare). Beh là, ça marche à tous les coups Donc une fois de plus, je remercie à la fois Pratchett et Couton pour leur boulot respectif, voilà, c’est fait, c’était pas original.

Bon, voilà et vous, vous avez lu Nobliaux et Sorcières ? Qu’en avez-vous pensé ? L’avez vous trouvé MYTHIIIIIQUE ?

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